Le corps humain compte plus de 640 muscles ! Bien que chaque muscle ait une importance particulière pour des tâches bien spécifiques, certaines fonctions des muscles se chevauchent. Ainsi, certains muscles peuvent être redirigés — et leurs tendons attachés à un autre endroit du squelette — pour compenser la perte de fonction d’un autre muscle.
Un transfert tendineux à l’épaule sert donc à restaurer la fonction de l’épaule lorsque certains tendons ou muscles ne sont plus capables de remplir leur rôle en raison de lésions irréparables des tendons ou de paralysie nerveuse chronique, En effet, un muscle peut ne plus fonctionner s’il est paralysé (lésion d’un nerf) ou si son tendon est rompu et est trop endommagé pour être réparé (rupture irréparable). Les deux principales indications pour un transfert tendineux incluent les lésions nerveuses permanentes (nerf axillaire, nerf thoracique long, nerf accessoire spinal (nerf crânien XI)) ou les ruptures irréparables des tendons de la coiffe des rotateurs (supraépineux, infraépineux, subscapulaire).
Ceci peut entrainer différents symptômes en fonction du muscle atteint :
Dans ces cas, la kinésithérapie est souvent une première approche qui peut être très efficace pour améliorer la mobilité, la force et la fonction de l’épaule. Cependant, dans certaines situations, la kinésithérapie seule ne suffit pas à rétablir la fonction de l’épaule, notamment lorsque les structures tendineuses ou musculaires sont gravement endommagées, paralysées ou irréparables. Un transfert tendineux ou musculaire peut alors être proposé. C’est une opération de reconstruction de l’épaule, qui consiste à déplacer un muscle et un tendon sains pour remplacer un muscle qui ne fonctionne plus. Différents muscles de l’épaule peuvent être transférés en fonction du muscle du mouvement qui fait défaut.
Il existe plusieurs types de transferts tendineux avec leurs avantages et inconvénients. Les indications pour un transfert prennent en compte plusieurs facteurs liés à l’état général du patient (âge, comorbidités, amplitude de mouvement active et passive) et à ses lésions (présence ou absence d’arthrose de l’épaule, lésions associées à d’autres tendons ou nerfs).
Ainsi peut-on transférer le muscle grand dorsal ou la partie inférieure du trapèze pour rétablir la rotation externe ou la rotation interne. On peut également transférer le grand pectoral, les rhomboïdes ou le muscle élévateur de l’omoplate pour traiter les dyskinésies scapulo-thoraciques.
La meilleure façon de se préparer à la chirurgie est décrite ici.
L’élément le plus important est d’avoir une épaule parfaitement souple le jour de la chirurgie.
Des séances de rééducation peuvent donc être nécessaires et peuvent être couplées à de l’auto-rééducation pour récupérer une mobilité passive complète.
La chirurgie de transfert tendineux peut être réalisée en ambulatoire en l’absence de contre-indication (pathologie cardiaque, traitement anticoagulant, patient habitant loin de l’hôpital…) ou peut se faire en hospitalisation conventionnelle en passant une nuit à l’hôpital après l’intervention.
Cette intervention se fait à la fois sous anesthésie loco-régionale « préventive » (pour endormir l’épaule) et sous anesthésie générale (pour dormir complètement). Cette double anesthésie permet de soulager les douleurs de façon très efficace en réduisant les doses de médicaments anesthésiants.
Sous anesthésie générale, sans anesthésie loco-régionale ni analgésique administré, le cerveau reçoit inconsciemment des signaux de douleur dès l’incision de la peau. Ces signaux activent des mécanismes cérébraux qui finissent par entraîner une expérience de douleur plus intense. Le terme « préventif » signifie s’assurer que la transmission de la douleur au cerveau est minimisée grâce à des médicaments ou complètement bloquée par un anesthésique local avant le début de la chirurgie. Cela conduit à une expérience beaucoup moins douloureuse. C’est pourquoi il est préférable de réaliser l’anesthésie loco-régionale avant même d’aller en salle d’opération. Ainsi, au moment où la chirurgie commence, le cerveau n’en est même pas conscient !
La chirurgie de transfert tendineux varie en fonction du muscle qui est transféré mais elle obéit toujours aux mêmes principes. Une incision est réalisée pour récupérer le muscle à transférer. Son tendon est identifié jusqu’à son insertion osseuse et il est détaché de l’os. Des sutures sont placées à l’extrémité du tendon coupé pour faciliter son déplacement. L’objectif est ensuite de le faire glisser dans une nouvelle position pour remplacer les tendons de l’épaule qui ne fonctionnent plus. Si cette nouvelle position est située à distance, il peut être nécessaire de prolonger le tendon par une greffe agissant comme une rallonge (autogreffe prélevée au genou ou allogreffe provenant d’une banque de tissus). Dans la mesure du possible la fixation du tendon est réalisée de façon mini-invasive par arthroscopie c’est-à-dire en utilisant une caméra et des petits instruments pour agir sur l’intérieur de l’épaule sans avoir besoin d’ouvrir largement mais cela n’est pas toujours possible pour tous les types de transferts tendineux.
L’opération dure entre 1 heure et 3 heures en fonction du type de transfert.
Les complications postopératoires immédiates sont rares. Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
Il peut également survenir un trouble de cicatrisation cutanée. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements. L’infection profonde est exceptionnelle. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.
Une raideur peut survenir lorsque des tissus cicatriciels excessifs se forment dans l’épaule en réaction à la chirurgie. Une certaine raideur au début de la phase de récupération est en fait bénéfique, car la guérison nécessite la formation de tissu cicatriciel dans une certaine mesure. Cependant, un petit nombre de personnes forment tellement de tissu cicatriciel que la mobilité est limitée de façon importante et durable. La mobilité peut cependant être récupérée avec des exercices d’assouplissement de l’épaule et éventuellement des infiltrations.
Le but de cette chirurgie est d’améliorer la fonction globale de l’épaule.
Cette chirurgie a deux objectifs :
Cette opération permet ainsi de récupérer de la mobilité dans l’épaule et de diminuer les douleurs. Cependant, elle ne permet pas de récupérer de la force.
Dans la majorité des cas cette intervention nécessite une immobilisation relativement stricte dans les suites pour une durée de 6 semaines pour permettre au transfert tendineux de cicatriser et de ne pas se détendre. Au terme de cette immobilisation, l’épaule est souvent très enraidie et nécessite de la rééducation pour assouplir l’épaule.
La reprise des activités de la vie quotidienne se fait à partir de 6 semaines mais ne se fait confortablement qu’à partir de 3 mois après l’opération.
Les résultats progressent lentement et le résultat final est obtenu au bout d’un an.
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