Une arthrodèse est la fusion définitive de deux os ou plus. C’est la combinaison de deux mots grecs : « arthros » – articulation, et “desis” – lier ensemble). Une arthrodèse scapulo-thoracique revient à bloquer de façon définitive l’articulation scapulo-thoracique en faisant fusionner l’omoplate aux côtes.
La première chose qui vient à l’esprit lorsqu’on parle de bloquer une articulation de l’épaule est « … mais alors, l’épaule ne bouge plus ! » Ce qui est paradoxalement vrai et faux à la fois. En effet, le mouvement normal d’une épaule peut se décomposer en deux mouvements :
Cela explique qu’une épaule puisse continuer à bouger dans une certaine mesure dans l’articulation gléno-humérale lorsque l’articulation scapulo-thoracique est fusionnée.
Les myopathies sont un groupe de maladies qui provoquent un affaiblissement progressif et une perte de masse musculaire dans le corps. Le troisième type de myopathie le plus fréquent est la dystrophie musculaire facio-scapulo-humérale (FSHD). Son nom fait référence à ses effets sur le visage (“facio”), la ceinture scapulaire (“scapulo”) et le bras (“huméral”), mais elle peut toucher l’ensemble du corps.
Les symptômes de la myopathie facio-scapulo-humérale incluent une faiblesse des épaules et parfois des douleurs. Le torse, l’abdomen, les avant-bras, les jambes, le visage et la colonne vertébrale peuvent également être affectés. Ces symptômes apparaissent généralement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, et les muscles se détériorent lentement au fil du temps. Cette maladie touche également le visage et peut entrainer la perte de la capacité de sourire. Cette maladie est génétique et peut être transmise si un membre de la famille est atteint mais elle peut aussi survenir spontanément, même en l’absence d’antécédents familiaux.
Les personnes atteintes de FSHD présentent une faiblesse des muscles qui permettent de lever les bras en l’air et peuvent souffrir d’un décollement de l’omoplate. Ce décollement est dû au fait que les muscles qui stabilisent normalement les omoplates contre la paroi thoracique sont faibles ou atrophiés. Ces muscles incluent le dentelé antérieur et les rhomboïdes. Si ces symptômes deviennent trop handicapants, un traitement par arthrodèse scapulo-thoracique peut améliorer la mobilité, la force et la fonction. Cette chirurgie consiste à faire fusionner l’omoplate aux côtes de façon définitive, offrant ainsi une base stable à l’épaule permettant de lever le bras en l’air à nouveau. Bien que cette intervention ne guérisse pas la FSHD, elle améliore considérablement la fonction et la qualité de vie des patients.
La meilleure façon de se préparer à la chirurgie est décrite ici. L’élément le plus important est d’avoir la meilleure fonction gléno-humérale possible avant l’intervention.
Des séances de rééducation peuvent donc être nécessaires avant l’intervention pour renforcer le deltoïde et les muscles de la coiffe des rotateurs.
L’arthrodèse scapulo-thoracique est une intervention qui nécessite entre une et trois nuits d’hospitalisation.
Cette intervention se fait à la fois sous anesthésie loco-régionale « préventive » (pour endormir l’épaule) et sous anesthésie générale (pour dormir complètement). Cette double anesthésie permet de soulager les douleurs de façon très efficace en réduisant les doses de médicaments anesthésiants.
Sous anesthésie générale, sans anesthésie loco-régionale ni analgésique administré, le cerveau reçoit inconsciemment des signaux de douleur dès l’incision de la peau. Ces signaux activent des mécanismes cérébraux qui finissent par entraîner une expérience de douleur plus intense. Le terme « préventif » signifie s’assurer que la transmission de la douleur au cerveau est minimisée grâce à des médicaments ou complètement bloquée par un anesthésique local avant le début de la chirurgie. Cela conduit à une expérience beaucoup moins douloureuse. C’est pourquoi il est préférable de réaliser l’anesthésie loco-régionale avant même d’aller en salle d’opération. Ainsi, au moment où la chirurgie commence, le cerveau n’en est même pas conscient !
L’arthrodèse est réalisée en créant les mêmes conditions que celles qui conduisent à la consolidation d’un os après une fracture. L’objectif est de faire en sorte que l’omoplate consolide avec les côtes sous-jacentes.
Une incision est ensuite faite le long du bord de l’omoplate. Les muscles situés au-dessus et en dessous de l’omoplate sont écartés pour exposer l’omoplate qui est soulevée. Ceci permet d’exposer la cage thoracique. L’omoplate et les côtes sont alors préparées pour recevoir un greffon osseux.
Lors de l’opération, un greffon osseux est prélevé sur la crête iliaque (crête osseuse située à l’arrière de la hanche).
Une plaque métallique est ensuite placée sur l’omoplate. Des trous sont percés dans l’omoplate et des bandelettes très résistantes en polyester sont passées à travers la plaque pour fixer l’omoplate aux côtes. Le greffon osseux est ensuite inséré entre l’omoplate et les côtes afin de faciliter la consolidation des deux os. L’incision est ensuite fermée en couches successives avec des points de suture. Chez les personnes atteintes de FSHD, l’intervention est réalisée sur une épaule à la fois, avec un intervalle d’au moins six mois entre les deux opérations.
L’intervention dure en moyenne deux heures.
Outre les complications bien connues de toute intervention chirurgicale sur l’épaule (infection, lésion nerveuse, etc.), les complications spécifiques de l’arthrodèse scapulo-thoracique sont :
L’intervention nécessite le passage de bandelettes de polyester autour des côtes. Ce passage peut entrainer une plaie de la plèvre sous-jacente ce qui peut occasionner un pneumothorax ou un épanchement pleural. Ceci nécessite la mise en place transitoire d’un drain.
La consolidation de l’omoplate avec les côtes est le but même de l’intervention, mais elle ne se produit pas toujours. Pour maximiser les chances de consolidation, il est essentiel de bien respecter les restrictions et le port d’un plâtre ou d’une attelle. En outre, tout facteur modifiable susceptible d’entraver la consolidation osseuse doit être pris en compte : le tabagisme, une mauvaise alimentation et un diabète non contrôlé sont les plus courants.
L’autre complication que l’on peut observer est la fracture de fatigue des côtes. En effet, sur un os fragile, les bandelettes peuvent avoir un effet « fil à couper le beurre » sur les côtes et entrainer une fracture de celles-ci.
Dans l’ensemble, cette opération est très sûre et comporte un taux de complications majeures inférieur à 5 %.
La fixation de l’omoplate contre la paroi thoracique entraîne une perte partielle de la mobilité de l’épaule par rapport à une épaule normale, mais ce compromis permet d’améliorer très nettement la fonction globale du bras. Ceci permet notamment de lever le bras au-dessus du plan des épaules avec une meilleure force, une réduction de la douleur et une apparence esthétique améliorée. Les patients retrouvent la capacité de soulever des objets en hauteur. Les résultats rapportés concernant le mouvement de l’épaule incluent :
Les patients constatent généralement des améliorations dans :
Après l’intervention, le bras doit rester immobilisé dans une attelle pendant 1 mois.
Entre trois et quatre mois après l’opération, les patients sont généralement capables de reprendre toutes les activités de la vie quotidienne sans difficulté.
Au bout de six mois, la plupart peuvent reprendre des activités sportives, même s’il peut falloir entre neuf et douze mois pour retrouver leur niveau d’activité antérieur. L’opération crée un nouvel os fusionné entre l’omoplate et les côtes, qui doit être progressivement renforcé pour supporter un usage accru.
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