Une prothèse d’épaule consiste à remplacer tout ou partie de l’articulation endommagée de l’épaule par un implant artificiel. Cette chirurgie est recommandée en cas d’arthrose sévère de l’épaule, de rupture massive irréparable de la coiffe des rotateurs, en cas de fractures complexes, ou certaines pathologies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde.
La prothèse d’épaule permet ainsi de soulager la douleur et de redonner au patient une mobilité fonctionnelle.
Il existe trois grandes familles de prothèses d’épaule qui présentent toutes des avantages et des inconvénients et qui ont chacune une indication bien spécifique :
Le principe de la prothèse anatomique d’épaule est de remplacer les deux surfaces articulaires usées de l’épaule en reproduisant le plus fidèlement possible l’anatomie de l’épaule. Pour ce faire, on remplace la tête de l’humérus par une tête en métal (généralement en chrome-cobalt) fixée dans l’os de l’humérus. Cette fixation peut se faire soit par impaction dans l’humérus soit à l’aide de ciment chirurgical. En face, on fixe un implant en polyéthylène (un plastique très résistant) dans la cavité de l’épaule, appelée glène. Cet implant en polyéthylène est cimenté dans l’os de l’omoplate.
Ce type de prothèse imite donc le fonctionnement normal de l’épaule mais nécessite :
De nombreuses études ont montré que cette prothèse offre d’excellents résultats pour améliorer la mobilité et réduire la douleur chez les patients souffrant d’arthrose de l’épaule (omarthrose). Le taux de succès de cette prothèse à 10 ans est très élevé, avec seulement 8,7% des patients nécessitant une nouvelle intervention.
La principale complication de cette prothèse est le descellement de l’implant glénoïdien. Ce problème est souvent dû à l’usure du polyéthylène au fil du temps lié à des micro-mouvements répétés dans l’articulation. Dans certains types d’omarthroses centrées la tête de l’humérus a tendance à se positionner en arrière ce qui entraine des contraintes asymétriques dans l’articulation. Ceci use préférentiellement la glène en arrière et la déforme et use également le polyéthylène de l’omoplate de façon précoce, ce qui peut conduire à des descellements précoces de l’implant.
C’est pourquoi, dans certains cas d’arthrose avancée, même si les tendons de la coiffe sont en bon état, il est recommandé d’opter pour une prothèse inversée. Ce type de prothèse permet de mieux gérer les forces exercées sur l’épaule après l’intervention, en particulier lorsque l’articulation est déjà très usée.
La prothèse totale inversée est principalement indiquée pour les patients ayant une rupture irréparable des tendons de la coiffe des rotateurs. Cette prothèse modifie la structure naturelle de l’épaule pour permettre au deltoïde de compenser les tendons endommagés. Mise au point en 1985, à Dijon, par Paul Grammont, elle a été conçue pour répondre aux limites des prothèses anatomiques dans le traitement de l’omarthrose excentrée.
Les prothèses anatomiques, bien qu’efficaces pour soulager la douleur, ne permettaient pas de compenser l’absence de coiffe des rotateurs fonctionnelle et avaient des résultats limités sur la mobilité dans cette indication. La prothèse inversée repose sur quatre principes biomécaniques fondamentaux, qui modifient complètement l’anatomie et la biomécanique de l’épaule afin de restaurer une mobilité satisfaisante, notamment en élévation et en abduction.
Le fonctionnement de la prothèse inversée repose sur 4 principes biomécaniques principaux :
Grâce à ces principes, la prothèse inversée a permis de résoudre le double problème de stabilité et de mobilité des épaules souffrant d’une rupture irréparable des tendons de la coiffe. Le taux de succès de cette prothèse à 12 ans est très élevé, avec seulement 6,8 % des patients nécessitant une nouvelle intervention.
Depuis son introduction, l’utilisation de la prothèse inversée a considérablement augmenté, représentant aujourd’hui 70 % à 90 % des prothèses d’épaule posées dans le monde selon les pays. Initialement utilisée pour traiter l’omarthrose excentrée chez les personnes âgées, ses indications se sont élargies pour inclure :
Des études récentes montrent que la prothèse inversée donne des résultats fonctionnels comparables à ceux des prothèses anatomiques pour les patients ayant une coiffe des rotateurs intacte. De plus, elle pourrait offrir une longévité plus prévisible en cas de déformation glénoïdienne sévère.
Les prothèses inversées posées pour une omarthrose centrée avec une coiffe intacte donnent de meilleurs résultats fonctionnels que celles posées pour une omarthrose excentrée.
En conclusion, la prothèse inversée a révolutionné la prise en charge de nombreuses pathologies de l’épaule, offrant une solution fiable et efficace pour des patients présentant des indications variées. Elle illustre les progrès constants de la chirurgie orthopédique dans la recherche de la meilleure qualité de vie pour les patients.
Historiquement, les patients présentant une omarthrose centrée avancée et une coiffe des rotateurs intacte, et chez qui le traitement médical a échoué étaient traités par prothèse anatomique. Cependant, le succès de la prothèse inversée dans l’amélioration de la douleur et la restauration de la fonction a conduit à élargir les indications chirurgicales pour inclure ces patients, en particulier ceux présentant une déformation asymétrique de la glène et chez qui le descellement de la glène en polyéthylène serait un problème. En outre, plusieurs études ont montré que la prothèse inversée et la prothèse anatomique avaient des résultats comparables à court terme chez les patients atteints avec une coiffe des rotateurs intacte et ont suggéré que l’inversée pourrait avoir une longévité plus prévisible dans les cas de déformation glénoïdienne sévère. Par ailleurs, il a été démontré que les prothèses inversées posées pour omarthrose centrée avec une coiffe des rotateurs intacte avaient de meilleurs résultats fonctionnels que celles posées pour omarthrose excentrée. Ces différences sont notamment dues à une amélioration plus importante en termes de rotation externe et interne postopératoire. Cependant, en cas de rupture massive irréparable postéro-supérieure, un transfert tendineux associé (grand dorsal) peut être nécessaire pour rétablir une rotation externe active.
La prothèse humérale simple en pyrocarbone est une solution innovante pour traiter l’arthrose de l’épaule. Contrairement aux prothèses totales, qui remplacent à la fois la tête humérale et la glène (la cavité de l’omoplate), cette prothèse se concentre uniquement sur le remplacement de la tête de l’humérus. Cette approche plus simple et conservatrice vise à préserver au maximum l’anatomie naturelle de l’articulation.
Le pyrocarbone est un matériau particulièrement intéressant car ses propriétés mécaniques se rapprochent du cartilage naturel, offrant ainsi un fonctionnement plus fluide et une meilleure préservation des structures articulaires.
Le pyrocarbone est utilisé depuis plusieurs années en chirurgie orthopédique grâce à ses caractéristiques exceptionnelles :
Ces propriétés permettent de limiter l’usure de la glène et d’éviter les complications fréquentes des prothèses métalliques, comme les descellements ou la perte osseuse.
La prothèse humérale simple en pyrocarbone est particulièrement adaptée pour :
De nombreuses études confirment les bénéfices des prothèses en pyrocarbone :
La pose d’une prothèse d’épaule se déroule en plusieurs étapes :
La prothèse d’épaule est une solution efficace pour les patients souffrant d’arthrose avancée ou de lésions graves de l’épaule. Si vous ressentez des douleurs persistantes ou une perte de mobilité, n’hésitez pas à consulter un spécialiste en chirurgie de l’épaule pour envisager cette option.
À découvrir également :