Une arthrodèse gléno-humérale est la fusion définitive de deux os ou plus. C’est la combinaison de deux mots grecs : « arthros » – articulation, et “desis” – lier ensemble). Une arthrodèse gléno-humérale revient à bloquer de façon définitive l’articulation gléno-humérale en faisant fusionner les deux os qui la composent (omoplate et humérus).
La première chose qui vient à l’esprit lorsqu’on parle de bloquer une articulation de l’épaule est « … mais alors, l’épaule ne bouge plus ! » Ce qui est paradoxalement vrai et faux à la fois. En effet, le mouvement normal d’une épaule peut se décomposer en deux mouvements :
Cela explique qu’une épaule puisse continuer à bouger dans une certaine mesure dans l’articulation scapulo-thoracique lorsque l’articulation gléno-humérale est fusionnée. Plus l’omoplate est souple sur la paroi thoracique, plus le mouvement est efficace.
L’arthrodèse gléno-humérale est une intervention rarement pratiquée actuellement. Cependant, il fut un temps où cette intervention était la plus courante chez les chirurgiens de l’épaule. L’arthrodèse de l’épaule a été initialement développée pour les patients atteints de tuberculose touchant l’articulation de l’épaule : c’était en effet le seul moyen de traiter la tuberculose osseuse avant la mise au point des médicaments antituberculeux modernes.
Aujourd’hui, l’arthrodèse reste une excellente solution dans certains cas bien précis. Elle peut être envisagée en cas d’infection très grave, de paralysie des muscles de l’épaule ou d’instabilité très sévère. Elle peut également être envisagée après un échec catastrophique de prothèse d’épaule.
La meilleure façon de se préparer à la chirurgie est décrite ici. L’élément le plus important est d’avoir la meilleure fonction scapulo-thoracique possible avant l’intervention. Des séances de rééducation peuvent donc être nécessaires pour renforcer les muscles de l’omoplate (trapèze et grand dentelé)
L’arthrodèse gléno-humérale est une intervention qui nécessite entre une et trois nuits d’hospitalisation.
Cette intervention se fait à la fois sous anesthésie loco-régionale « préventive » (pour endormir l’épaule) et sous anesthésie générale (pour dormir complètement). Cette double anesthésie permet de soulager les douleurs de façon très efficace en réduisant les doses de médicaments anesthésiants.
Dans la majorité des cas l’anesthésie loco-régionale se fait au moyen d’un cathéter placé au contact des nerfs de l’épaule et laissé pendant 3 jours. Ceci rend possible l’instillation d’un produit anesthésiant directement au contact des nerfs dans les premiers jours qui suivent la chirurgie et donc permettent de maintenir l’épaule endormie pendant cette période.
La piqure d’anesthésie loco-régionale se fait avant l’anesthésie générale.
Le suivi et la gestion de cathéter est assurée par une infirmière à domicile.
Sous anesthésie générale, sans anesthésie loco-régionale ni analgésique administré, le cerveau reçoit inconsciemment des signaux de douleur dès l’incision de la peau. Ces signaux activent des mécanismes cérébraux qui finissent par entraîner une expérience de douleur plus intense. Le terme « préventif » signifie s’assurer que la transmission de la douleur au cerveau est minimisée grâce à des médicaments ou complètement bloquée par un anesthésique local avant le début de la chirurgie. Cela conduit à une expérience beaucoup moins douloureuse. C’est pourquoi il est préférable de réaliser l’anesthésie loco-régionale avant même d’aller en salle d’opération. Ainsi, au moment où la chirurgie commence, le cerveau n’en est même pas conscient !
L’arthrodèse est réalisée en créant les mêmes conditions que celles qui conduisent à la consolidation d’un os après une fracture. L’objectif est de faire en sorte que l’humérus consolide avec l’omoplate. Le chirurgien doit donc retirer le cartilage qui recouvre les deux surfaces articulaires (humérus et glène de l’omoplate). La tête humérale est ensuite modelée pour s’adapter à la glène et sous l’acromion (le toit osseux de l’épaule). Une fois que les surfaces osseuses sont positionnées l’une contre l’autre, les os sont comprimés et stabilisés à l’aide de plaques et de vis. Il est essentiel de fixer les deux os ensemble dans une position qui maximise la capacité du patient à utiliser sa main.
Après l’opération, le bras entier doit être soutenu par une attelle ou un plâtre jusqu’à ce que la guérison soit confirmée. La guérison prend généralement de deux à quatre mois.
L’intervention dure en moyenne une heure et demie.
Outre les complications bien connues de toute intervention chirurgicale sur l’épaule (infection, lésion nerveuse, etc.), les complications les plus courantes de l’arthrodèse gléno-humérale sont la pseudarthrose (absence de consolidation) et la fracture de l’humérus.
La consolidation de l’omoplate avec l’humérus est le but même de l’intervention, mais elle ne se produit pas toujours. Pour maximiser les chances de consolidation, il est essentiel de bien respecter les restrictions et le port d’un plâtre ou d’une attelle. En outre, tout facteur modifiable susceptible d’entraver la consolidation osseuse doit être pris en compte : le tabagisme, une mauvaise alimentation et un diabète non contrôlé sont les plus courants.
L’autre complication que l’on peut observer est la fracture de l’humérus. En effet, comme il n’y a plus de mouvement au niveau de la véritable articulation de l’épaule, il est extrêmement difficile de protéger l’humérus en cas de chute accidentelle. Par conséquent, un accident grave peut provoquer une fracture de l’humérus, généralement juste en dessous de l’extrémité inférieure de la plaque utilisée pour l’arthrodèse. Certaines de ces fractures guérissent dans un plâtre, mais d’autres nécessitent une nouvelle opération.
L’arthrodèse gléno-humérale est une intervention chirurgicale lourde et définitive. Avant de l’envisager, il est indispensable de bien comprendre la nature de l’intervention, les alternatives possibles et le résultat escompté. Le port d’un plâtre ou d’une attelle pendant plusieurs semaines peut être difficile à supporter, mais il est indispensable pour la réussite de l’opération, et les patients doivent donc y être mentalement préparés.
Si tout se passe bien, la plupart des patients sont satisfaits car le soulagement de la douleur après une arthrodèse gléno-humérale est très fiable. Lorsqu’une personne a souffert de douleurs chroniques sévères à l’épaule malgré plusieurs interventions chirurgicales ratées, le fait de ne plus avoir mal peut faire en sorte que la perte de mouvement en vaille vraiment la peine. La plupart des patients sont capables de lever la main à l’horizontale et d’atteindre facilement leur visage, l’avant du tronc et l’épaule opposée. Cependant, la capacité à tourner le bras vers l’extérieur, et en particulier la capacité à mettre la main dans le dos, sont très limitées.
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