Luxation de l’épaule

Qu’est-ce que c’est ?

L’épaule est l’articulation la plus mobile du corps humain mais en contrepartie, c’est également l’articulation la moins stable. Elle est donc à risque de se déboîter (luxer). Dans 97% des cas cette luxation survient dans les suites d’un traumatisme violent de l’épaule (chute, clef de bras, plaquage…). L’épaule peut sortir de son logement en avant ou en arrière, on parle alors de luxation antérieure ou postérieure de l’épaule. Dans 97% des cas, les luxations sont des luxations antérieures de l’épaule.

Comment faire le diagnostic ?

Le diagnostic est la plupart du temps évident dans les luxations antérieures car elles surviennent de façon tout à fait caractéristique et que le patient ressent souvent que son épaule « est sortie de sa place ». Elles entraînent par ailleurs une déformation du relief de l’épaule ainsi qu’une douleur intense et une impossibilité à bouger le bras.

Le diagnostic peut en revanche passer inaperçu dans les luxations postérieures qui n’entraînent pas de déformation de l’épaule mais qui sont en revanche systématiquement associées à une perte de rotation externe c’est-à-dire à l’impossibilité de tourner la main vers l’extérieur.

Quels examens sont nécessaires ?

a-Radiographies Standard

Devant un premier épisode de luxation, il est indispensable de confirmer le diagnostic par des radiographies de face et de profil, qui permettront d’éliminer d’éventuelles fractures associées.

Chez les patients de plus de 40 ans, un premier épisode de luxation peut être associé à une déchirure des tendons et il est indispensable de faire une imagerie des tendons de la coiffe des rotateurs chez ces patients-là dans les semaines qui suivent le premier épisode de luxation.

b -Echographie

L’échographie est un excellent examen de débrouillage pour diagnostiquer une déchirure des tendons de la coiffe des rotateurs associée à un premier épisode de luxation après 40 ans.

c- IRM

L’IRM (imagerie par résonnance magnétique) permet d’analyser avec une grande précision l’état des tendons et des muscles de l’épaule. Cet examen permet de diagnostiquer une déchirure des tendons de la coiffe des rotateurs associée à un premier épisode de luxation après 40 ans. L’IRM permet également de mettre en évidence des lésions ligamentaires (bourrelet/labrum) et/ou osseuses associées.

Quel traitement ?

a-Réduction (remise en place de l’épaule)

L’épaule doit être remise en place le plus rapidement possible (après confirmation du diagnostic par des radios s’il s’agit d’un premier épisode).

Plus la réduction (remise en place de l’épaule) sera effectuée précocement plus elle sera aisée et indolore.

De nombreuses techniques ont été décrites et elles reposent toutes sur les deux mêmes principes :

  • Obtenir la relaxation des muscles de l’épaule (deltoïde, coiffe des rotateurs, trapèze, biceps) par différentes méthodes allant de simples paroles rassurantes à une anesthésie générale.
  • Désengager la tête de l’humérus du bord antérieur de l’omoplate par différentes techniques de manipulation.

b-Combien de temps faut-il immobiliser ? Quand la reprise du sport est-elle autorisée après une luxation d’épaule ?

Une fois que l’épaule a été remise en place, une immobilisation est souvent prescrite. L’utilité de celle-ci reste cependant controversée. Certaines études semblent montrer qu’une cicatrisation des ligaments est possible après un premier épisode de luxation. Par ailleurs, la position dans laquelle immobiliser l’épaule a également été étudiée, mais l’ensemble des études menées sur le sujet ne permet pas de conclure de façon claire. Compte tenu de ces éléments, il parait donc logique d’immobiliser l’épaule dans une attelle simple pour une durée de 3-4 semaines après un premier épisode de luxation antérieure.

Luxation de l’épaule

Après un épisode de luxation autre que le premier, l’immobilisation n’a pour but que de soulager la douleur et ne doit pas être prolongée plus de 10 jours.

En revanche, après un épisode de luxation postérieure, il est démontré qu’il est préférable d’immobiliser l’épaule dans une attelle spécifique (en rotation neutre) pour une durée de 6 semaines.

La reprise du sport est autorisée à 3 mois après un premier épisode de luxation, sauf exception.

c-La kinésithérapie

Le traumatisme, l’hématome, la cicatrisation des tissus ainsi que l’immobilisation prolongée vont tous contribuer à enraidir l’épaule. Il est donc indispensable de la rééduquer après l’ablation de l’attelle pour récupérer la mobilité normale de l’articulation. Le but de la rééducation est de calmer la douleur et de récupérer une fonction optimale de l’épaule. Le renforcement musculaire peut aider dans ce but, cependant la rééducation ne permet pas de diminuer le risque de récidive.

Dans quel cas faut-il opérer après un premier épisode de luxation ?

Le risque principal après un premier épisode de luxation est la récidive. En l’absence de chirurgie, ce risque de récidive est environ de 50% mais on sait que celui-ci varie énormément en fonction de plusieurs paramètres tels que :

  • l’âge de survenue (risque plus élevé chez les jeunes)
  • le sexe du patient (risque plus élevé chez les hommes)
  • la pratique de sports à risque (sports de contact par exemple)

Le risque de récidive est donc élevé mais uniquement dans une population à risque (homme jeune pratiquant un sport de contact) et la chirurgie n’est pas recommandée après un premier épisode de luxation dans la majorité des cas. Cependant elle peut être proposée dans trois cas de figure

  • sujet à risque très élevé de récidive
  • patient ne souhaitant pas revivre un épisode de luxation
  • patient qui garde une sensation d’instabilité handicapante et une appréhension importante lors de certains mouvements.

Que se passe-t-il si on n’opère pas ?

A chaque fois que l’épaule se déboite, l’humérus vient frotter contre l’omoplate ce qui va progressivement émousser ces deux os et aggraver le risque de nouvelle luxation. Il est donc clair qu’en l’absence de chirurgie, ces lésions peuvent s’aggraver avec le temps. Cependant cette aggravation n’a aucune influence sur l’efficacité de la chirurgie.

En outre, il a été démontré que la peur d’une nouvelle luxation augmentait en cas de récidive.

En conclusion, il n’y a pas de risques majeurs à attendre avant d’opérer, à l’exception de la possibilité d’une récidive. Lorsque les récidives se multiplient, l’épaule devient instable et la chirurgie peut alors être proposée.

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